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Encore aujourd’hui, près de la moitié des femmes japonaises enceintes répondent à l’appel d’une tradition bien ancrée : le “satogaeri bunben”. Rentrer dans sa famille au moment de donner naissance à un enfant, pour y être soutenue et aidée dans son nouveau rôle de parent… Une pratique plutôt positive pour le bien être des jeunes mamans, mais qui a aussi tendance à mettre les pères à l’écart.

La parentalité… Cette notion chargée d’enjeux, et de culture ! Dans mes dernières lettres, j’ai beaucoup évoqué ma rencontre avec une communauté de mères au foyer japonaises, à Rennes. En m’intéressant à la parentalité à la japonaise, j’ai été fascinée par la ritualisation de l’accouchement selon les cultures. Lors d’un voyage précédent, j’avais déjà découvert l’habitude qu’ont certaines communautés indigènes d’Amérique du sud de faire une hutte de sudation après un accouchement, pour redonner de la vie au corps… En Chine, le “mois d’or”, veut que la jeune accouchée reste confinée chez elle durant un mois, pendant que son entourage prend soin d’elle et de l’enfant, afin de ne pas attraper froid. Traditionnellement, la douche est aussi proscrite ! 

Le satogaeri bunben, c’est quoi ? 

Au Japon, on trouve une pratique relativement proche, nommée “satogaeri bunben”. Littéralement, cela signifie quelque chose comme « le retour dans la famille de l’accouchement ». Il s’agit, pour la femme sur le point d’enfanter, de revenir à la maison de ses parents afin d’y recevoir les bons soins et les conseils de sa famille. Il s’agit d’une tradition encore très pratiquée. Selon une étude de 2013 qui étudiait la question sur un petit échantillon de femmes enceintes, environ 48% des femmes le pratiquaient encore. Sur ce même échantillon, 88.9% des grand-mères déclaraient aider leur fille d’une manière ou d’une autre au moment de l’accouchement, que cela soit dans la maison familiale ou au domicile de leur fille. Le satogaeri bunben semble donc être une pratique encore florissante !

A quoi sert le satogaeri bunben ?

L’objectif de ce “retour à la maison” est d’alléger le stress lié à cette nouvelle maternité : l’entourage proche peut, par exemple, assumer les tâches ménagères à la place de l’accouchée, lui préparer les repas ou encore veiller à ce qu’elle prenne suffisamment de repos. L’idée est aussi, pour la grand-mère, de transmettre les bonnes pratiques nécessaires pour devenir mère, qu’il s’agisse de technique d’allaitement, d’éducation…

Un accompagnement qui réduirait les risques du fameux “baby blues”. En effet, il semble que les jeunes mamans bénéficiant de cette période d’accompagnement puissent avoir jusqu’à 2,8 fois moins de chance de subir ce qu’on appelle plus officiellement la “dépression post-partum”. 

Papa où t’es ? 

Cependant, ça n’est pas uniquement par choix que les jeunes mères retournent si souvent dans leur famille. Encore aujourd’hui, le rôle traditionnel du père en tant que pourvoyeur des revenus de la maisonnée est encore bien présent. Or, il faut rappeler que les horaires de travail au Japon, bien souvent, ne laissent pas nécessairement la place à une présence assidue aux côtés des jeunes accouchées… Cette mise à l’écart forcée favorise peu le lien du père et de l’enfant. 

D’ailleurs, la tradition du satogaeri pose parfois problème dans les couples franco-japonais, ou mixtes de façon générale. En effet, il arrive que ce retour à la famille se fasse alors même que le père a du temps à consacrer à la mère et son enfant, et souhaiterait en être plus proche. De quoi créer, forcément, quelques frustrations !

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