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Paroles de GNistes

Dans la lettre d’Alice du mois de juin 2021, nous vous avons fait découvrir l’univers du jeu de rôles grandeur nature (GN) : une sorte de théâtre d’improvisation géant où chacun incarne un personnage en costume pour faire vivre une histoire dans un monde imaginé… De nombreux pratiquants ont eu envie de partager leur expérience avec nous. Ils ont été interrogés sur leur vécu du GN, et sur leurs anecdotes les plus marquantes. Ces témoignages ont été recueillis parmi les participants au GN intitulé Drakerys, qui se déroule dans un univers médiéval fantastique. Voici leurs mots !

Arnfinn, elfe Avaren, alias Kilian, développeur d’applications mobiles et escrimeur

« Le GN m’apporte beaucoup. Au début, c’était principalement pour lutter contre ma timidité. Mais à présent, je constate que ce monde me permet de me mettre dans des situations que je n’aurais jamais, ou difficilement, connues autrement et ce, en toute sécurité. Être un prince, un va-nu-pied, un paladin, un escroc, un pirate, un rêveur, un collabo, un légionnaire… Cela me permet aussi de rencontrer des gens, et de ressentir intensément. C’est souverain pour se couper du quotidien. »

Togamé Tachaki Shikizaki, Tensho du peuple Xian, alias Emmanuelle, infirmière de bloc opératoire

« Pour moi, c’est une bouffée d’air, le plaisir de rencontrer de nouvelles personnes, de retrouver des amis. J’ai l’impression d’être partie 15 jours en vacances après un GN. Ça me sort de mon quotidien plus que n’importe quel autre voyage. Lors du dernier opus, nous avons fait une grande cérémonie pour honorer notre empereur, sans réelle raison. Elle a dû durer près d’une heure où tout le peuple, chacun son tour, est venu s’incliner devant l’empereur, en musique, avec des acclamations à sa gloire. Il n’y avait pas vraiment de raison si ce n’est que nous avions trouvé ce magnifique prétexte pour ne pas aller en bataille ! Ce qui était vraiment chouette, c’est que finalement, tout un groupe, comme un seul homme, s’est retrouvé ensemble sans vraiment se concerter avant pour faire cette cérémonie absurde. Un moment assez magique, voire drôle. »

Alwëxa Bel-Daganor, naine Xronienne, alias Anne, vendeuse en boutique de jeux de rôles

« J’aime interpréter un personnage différent de moi, m’évader, me mettre au contact d’inconnus au travers d’un alter ego. Mon personnage s’inscrit dans une société matriarcale, ce qui m’oblige à dépasser mes limites mentales.Je suis quelqu’un de très timide et j’interprète une aventuriere et chercheuse sur la faune. Un jour, j’ai rencontré une jeune chasseuse de démon sur son camp, avec laquelle j’ai longtemps échangé. J’étais seule sans aucune connaissance sur le monde et sans amis sur les lieux, mais j’ai réussi à obtenir des informations intéressantes ! »

Elisabeth, Irosienne, alias Charlène, scénariste de séries TV

« Ce que le GN m’apporte, c’est de la liberté et de la confiance en soi. Un jour, j’attendais pour poser une question aux orga (ndlr : organisateurs), j’étais fatiguée de la journée. Mon personnage étant plutôt affranchi des limites, je me suis assise en tailleur sur une longue table à proximité. Soudain, 15 personnes sont arrivées et se sont assises à cette table pour une réunion stratégique essentielle. Je n’ai pas bougé et j’ai assisté à toute la réunion… Car j’ai osé tout bêtement prétendre que j’y avais ma place. J’ai réalisé qu’il faut toujours oser. »

Rag’flor du sang d’ébène, orc d’Ashral, alias Jérôme, barman et serveur

« Pour moi, le GN est une soupape de dépression de la vie réelle. Le temps d’un week-end, vous pouvez être ce que vous avez toujours voulu secrètement. Vous pouvez être tout l’inverse de ce que vous êtes vraiment. Les seules limites sont votre volonté et votre imagination. Parmi les copains : hospitalier, médecin, ingénieur, avocat, artisan… C’est ce qui fait la richesse de nos univers, c’est pour ça qu’ils sont fantastiques. »

Kyril Stepanovitch Ivankov, alias Arthur, chef de projet SI (système d’information)

« Le GN est une activité qui m’offre bien des opportunités. Tout d’abord, c’est un moyen extraordinaire de découvrir de nouveaux univers issu de l’imaginaire. Cela me permet aussi d’incarner des rôles de personnage différents de mon caractère,ce qui me donne l’occasion d’expérimenter et d’avoir de profondes réflexions sur mon mode de fonctionnement. Certains rôles vont me procurer des émotions très fortes, qui resteront importantes dans ma vie. Le GN m’a apporté aussi de nombreux amis très chers que je n’aurais sans doute jamais rencontrés sans cela.
Cette richesse que me procure les GN m’offre aussi de nouvelles ouvertures vers certains pans de la culture,

puisque la recherche de références me pousse à étudier des civilisations et bien d’autres choses. Drakerys m’a amené à m’intéresser aux Cosaques Zaporogues, par exemple !

Une anecdote ? Je me rappelle des débuts de la guerre entre Ashral et Irosia. L’armée des Kylans et celle des elfes d’Avaren se faisaient face dans un champ sans que quiconque ne bouge. Face aux Kylans, les Avarens maintenaient une ligne de bouclier impressionnante. Finalement, je me suis détaché de mes lignes et je me suis avancé entre les deux groupes. J’avais ma boite à musique à manivelle et je me suis mis à jouer une marche martiale. Aussi incroyable que cela paraisse, les Avarens ont fait un pas en arrière. Aussitôt, j’ai fait un pas en avant et ils ont à nouveau reculé. Les Kylans derrière moi ont alors avancé. Galvanisé par cette situation et sans tenir compte de ma propre sécurité j’ai continué à avancer suivi par mes frères et sœurs Kylans jusqu’à ce que les Avarens soient boutés hors du champs. Même si ces derniers ont prétendu avoir juste reçu l’ordre de battre en retraite, les Kylans racontent en riant la fois où un musicien désarmé a fait reculer la prétendue meilleure force mercenaire de Drakerys. »

Alienor Drosera, de l’empire d’Irosia, alias Lucile, project manager dans une boîte IT (technologie de l’information)

« Le GN, c’est de l’épanouissement, des rencontres, beaucoup d’émotions, c’est aussi me découvrir moi même et dépasser mes limites. Sur Drakerys, j’ai beaucoup aimé la tentative d’assassinat à mon encontre. Je n’étais pas du tout au courant avant de me retrouver avec un couteau sous la gorge ! J’ai adoré jouer la scène, c’était assez intense. L’accompagnement après la scène pour savoir si ça allait, par l’assassin et les orga, était top, je me suis sentie super soutenue. Drakerys a été mon premier GN et ça a été un coup de coeur. J’y ai fait de magnifiques rencontres, vécu de supers moments et c’est lui qui m’a donné envie de me lancer à fond dans le GN. »

Tanesha, elfe des voyageurs de Tira, alias Julie, chercheure en physique et jeune maman

« Le GN, c’est du rêve et de la liberté. Je peux être et faire ce que je veux, sans chaînes ni limites. C’est une bulle d’oxygène dans un monde fou qui part en vrille depuis trop longtemps. Un moment marquant sur Drakerys ? Il y en a tellement, c’est difficile de choisir. Un jour, j’ai eu un entretien avec le fils du ciel (chef du peuple Xao) qui a été surréaliste. Loin de l’entretien pompeux qu’on aurait pu attendre d’un empereur, c’était un entretien simple et convivial qui a mené à l’obtention des ressources manquantes que j’étais venue chercher, mais également à l’autorisation officielle pour tout mon peuple de traverser les terres Xao comme bon nous semble. C’était extraordinaire, car j’étais stressée de ne pas pouvoir récupérer les ressources nécessaire à la survie du groupe et de devoir négocier en tant que diplomate. Et finalement, ce fut une rencontre pleine d’humour et de sympathie ! »

Davorka Sirotevna Bodrova, kylan, alias Margaux, gestionnaire financière pour le ministère de la transition écologique

« Pour moi, le GN est la possibilité de tenter des expériences uniques : je change de personnalité et je vois le monde sous un oeil nouveau, celui de mon personnage. Ce loisir me fait aussi prendre conscience de mes forces, car si, par exemple, mon personnage a su parlementer avec un ennemi, et bien, je suis capable de le faire aussi ! Je suis gestionnaire financier pour le ministère de la transition écologique. Mais je préfère parler plutôt de mes loisirs, car mon métier, aussi intéressant soit-il, n’est qu’un moyen de subvenir à mes besoins ! Je suis une personne passionnée par l’imaginaire, je suis MJ (maître de jeu) sur des tables de jeu de rôle, j’écris des romans, je fais du cosplay et forcément, la préparation de mes personnages de GN prend beaucoup de mon temps libre !

Le moment le plus marquant de tout Drakerys pour moi fût lors de l’opus 2, lorsque mon personnage a rencontré Lael, un Dieu déchu, et l’a nommée comme son élue. Mon personnage était jusque là une personne solitaire, en pleine quête spirituelle, et elle a trouvé un sens à sa vie, un chemin à prendre, grâce à Lael. Elle lui a voué une vénération intense, et c’était très agréable à jouer, car je sentais bien que mon personnage avait une connexion avec le divin, une forme de foi absolue qui la poussait vers l’avant. La scène en question s’était passée dans les sous terrains sans lumière ou presque et les orgas présents ont apporté beaucoup d’ambiance et poussé mon humble personnage sur le devant de la scène : c’était vraiment formidable. C’est cette scène qui a conditionné toute la suite de sa vie. »

Easifa, de l’empire d’Irosia, alias Irène, comptable

« Le GN c’est la joie, le partage, l’intensité, de belles rencontres, la liberté d’être qui on veut… Un souvenir marquant ? Quand, cernée par des zombies dans la grotte, j’ai failli mourir bêtement en trébuchant dans ma cape et que mes grandes enjambées qui ont suivi ont déstabilisé tout le monde et beaucoup fait rire mon orga… Au final, pour me sauver, mon élémentaire de feu a fait brûler la grotte ! J’adore ce jeu où de jeunes mages chantent mon histoire… Easifa est connue, respectée et crainte de tous : c’est vraiment amusant ! J’ai très envie de faire évoluer encore ce merveilleux personnage et son élémentaire chaleureux. »

Tinuviel, elfe d’Avaren, alias Jane, développeuse informatique

« Le GN est un moment d’évasion, l’occasion de vivre une aventure fantastique et retrouver des amis qui partagent la même passion pour la fantasy et le jeu de rôles grandeur nature. Ce qui m’a marquée :  l’attaque d’un monstre lumineux au milieu de la nuit. C’était marquant, car très impressionnant et inattendu ! On ne s’attend pas à croiser un tel costume géant et lumineux la nuit. »

Enroïse, elfe Avaren, alias Yann, métreur

« Les GN sont une évasion et une occasion d’utiliser mes mains pour crafter (ndlr : fabriquer des objets). Ce qui m’a marqué sur Drakerys, c’est ma rencontre avec les Avarens. Je n’étais pas prêt à recevoir autant d’amour sans avoir rien prouvé : j’y ai trouvé une famille. Il y a aussi mes « presque morts » qui m’ont marqué, parce qu’on sent vraiment notre personnage nous quitter. Et puis, l’arrivée de mon surnom, qui me suit partout… »

Ulrich Von Riegert Und Frankestin, de l’empire d’Irosia, retraité de la gendarmerie

« Le GN me permet de retrouver des amis, passer de bons moments conviviaux, créer des souvenirs que l’on se raconte ensuite entre potes. Je souhaite que les gens continuent de réver, que ce soit par le GN, la lecture ou tout autre moyen d’évasion de l’esprit. S’envoler, c’est le seul moyen de garder les pieds sur terre. »

Beluine, naine Xronienne, alias Aurore, travailleuse sociale et militante féministe

« Le GN, c’est une vie que je n’ose avoir IRL (ndlr : « in real life », dans la réalité). Ce qui  m’a marqué : le moment où j’ai eu tellement de choses à faire que ça m’a ramenée à ma « vraie vie » ! »

Nazgar, orc Kaljoran, alias Morgane, maman à temps plein et créatrice d’accessoires de GN

« Le GN m’apporte un imaginaire et une évasion. La rencontre avec un empereur Isorien m’a beaucoup marquée, car j’ai refusé de mettre le genou à terre pour me prosterner : « je ne met le genou à terre que devant mon tyran ou Kaljoran » ! Étant donné que j’étais dans le camp adverse, c’était risqué de refuser de m’agenouiller. »

Inge, humaine Kylan, alias Carole, agente de crèche en couple avec le Jarl du clan des lunes bleues

« C’est une évasion, des rencontres, un moment intense de plaisir. Dans le second opus, nous avons célébré le mariage de notre roi kylan dans les souterrain des mines du roi nain… La tribu est arrivée en chantant à la lueur des torches. Après une cérémonie menée par nos shaman et tatoueurs d’esprit, un de nos dieux s’est manifesté, et là… Voix grave venue des profondeurs, un peuple à genou à l’écoute. La chaiiiir de poule ! Un moment magnifique… »

Liviana, elfe Avaren, alias Amélie, ingénieure technique et cavalière de licorne à ses heures perdues

« Ce sont des moments très fort en émotions, de belles rencontres, une deuxième famille et la possibilité de vivre des choses extraordinaires ! Un moment marquant pour moi a été l’hommage aux personnages tombés aux combats, l’appel aux disparus, le chant funèbre. On vivait une ambiance très lourde et pourtant si belle dans l’écho de la grotte : un moment magique ! »

Lavellane, dite la « mélodieuse coureuse », elfe de Tira, alias Chloé, comédienne spécialisée voix

« Le GN : une évasion de mon quotidien, une intense immersion et beaucoup d’émotions en tout genre ! Lors du dernier Opus, nous jouions dans un climat de guerre : cependant mon personnage est une Virtuose, c’est-à-dire une musicienne capable d’altérer les émotions par sa magie grâce à son art… Même en général, le clan des elfes de Tira dont je fais partie, est un peuple pacifique, proche de la nature et touchant à l’ésotérisme.
Je me retrouvais donc rarement dans les scènes d’actions. Mais un jour, je m’étais portée volontaire pour aller récupérer notre livraison de rations près du champ de bataille. Une mission qui semblait simple et sans risque pour l’elfe naïve que j’interprète !

Et nous voilà partis, nous, une poignée d’elfes tatoués jouant de la musique et profitant du soleil sur un champ de bataille déserté. Nous étions partis en avance et devions patienter près du point de rendez-vous, alors nous nous sommes mis à nous raconter des potins sur les personnages des autres clans que nous connaissions… Je riais aux larmes, c’était la pointe de légèreté dans l’ambiance assez sérieuse du GN. Puis soudain, une partie de notre clan cousin est passée près de nous pour eux-mêmes aller chercher leur cargaison, mais dans une tout autre disposition que la notre, correspondant plus à leur propre clan : plus militaire, en rang, au pas, en hurlant « DROITE ! DROITE ! DROITE ! » en rythme pour les faire marcher ensemble…

Prise dans l’euphorie de notre discussion, j’ai voulu partager l’esprit Tira à nos chers cousins adorés en hurlant à mon tour « GAUCHE ! GAUCHE ! GAUCHE ! » entre chaque mot scandé… Je me suis empressée d’expliquer qu’ils avaient oublié leur deuxième pied et que c’était pour les aider. Nous étions tous là, à nous tenir les côtes ! Enfin la cargaison est arrivée, mais le camp adverse nous avait tendu une embuscade. Le ton a changé du tout au tout et la bataille s’est lançée sans transition. Je suis restée en arrière, je récupérais les blessés pour les soigner.

Nous avons perdu nos vivres mais tous les Tiras sont rentrés sains et saufs. nous étions très tristes d’avoir failli à notre mission, inquiets pour nos blessés et notre camp qui ne mangerait pas ce jour là… Plus tard, nos alliés sont venus nous rendre visite. Pour nous remercier de nos soins et notre bonne humeur, ils nous ont offert une partie de leurs rations. La joie est revenue dans le camp et nous avons organisé une grande soirée à l’improviste ! C’était un des ascenseurs émotionnels les plus longs que j’ai jamais expérimenté en GN, j’en ris encore aujourd’hui… »

Vo Gonh, du peuple de Hon Gong, alias Pierre, maître d’école

« J’aime partir dans un univers fantastique, jouer des rôles improvisés, vivre une aventure illusoire. Je préfère être PNJ (ndlr : « personnage non joueur » qui n’a pas d’objectif propre mais guide le jeu des autres) : jouer de nombreux rôles, donner du jeu aux joueurs et des éléments pour les plonger dans l’histoire. Orga c’est sympathique aussi, mais c’est assez éprouvant et je n’ai plus 20 ans.

Un jour, je jouais la vieille Vo-Gohn, en pnj récurrent, censée être éprise du chef de la faction, Kubilaï, et préparer mon mariage avec lui. Or, il avait été enlevé par le camp d’en face. Une escouade s’est organisée pour aller négocier sa libération, avec plusieurs jeunes du camp. La vieille est intraitable, patriote, et n’a pas la langue dans sa poche. Dès l’entrée dans le camp adverse, elle a commencé à critiquer et provoquer les ennemis, surpris de voir une vieille les tancer ! Les jeunes guerriers ont dû de nombreuses fois modérer, négocier, et ont vraiment cru qu’ils allaient y passer. C’était une scène de nuit, vraiment très tendue, où mon personnage ne devait pas faciliter la vie du clan. La tension était réelle en plein camp ennemi, on pouvait la sentir chez les jeunes du clan, chez les adversaires, mais je l’ai sentie aussi tellement la scène prenait vie. »

Karuna, organisateur sur Drakerys consultant formateur coach dans la vie

« Le GN m’apporte énormément de choses : lien social, développement personnel, créativité, bricolage, management, gestion d’équipe, négociation, conflit, résolution de problèmes, travail collaboratif… La chose qui m’a le plus marqué sur Drakerys, c’était la surprise des joueurs sur une scène… que je ne peux pas raconter ici ! « 

Nautile, elfe Tira de l’équipage du Tiphon, alias David, enseignant d’EPS à l’université

« Le GN c’est la possibilité, le temps d’un week-end, de sortir du quotidien et partager avec d’autres une histoire commune dans un esprit ludique. C’est à la fois un moment de convivialité, d’enrichissement personnel et de bien être. »