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Petit détour en terres d'urbex

Dans sa lettre d’avril 2020, Alice emmenait ses lecteurs et lectrices à la visite d’un château abandonné, semé de mystérieux bidets. Inspirée par cette expérience, Morgane s’est lancée à son tour dans l’exploration urbaine d’une fonderie désaffectée.

Fonderie désaffectée

Cet article est en lien avec la lettre d’avril 2020

  • Un récit de terrain issu de l’exploration d’un château abandonné
  • Des illustrations réalisées à la main par Pierre Baillot
  • Un petit objet en souvenir

Dans ma lettre de ce mois-ci, je vous ai emmené avec moi dans la visite d’un château abandonné, semé de mystérieux bidets. Mais je ne vous ai pas tout dit ! En fait, découvrir ces petits fragments du passés qui dormaient dans les vieux murs de pierre m’a donné envie de ne pas m’arrêter en si bon chemin. Oui mais voilà, je me suis retrouvée face à la même problématique que tous ceux qui ont subitement envie de s’aventurer dans des décombres anciens : comment trouve-t-on des lieux abandonnés ? Pas si simple, après tout, s’ils sont abandonnés, c’est bien que peu de gens en parlent ?

C’est là que j’ai découvert que les pratiquants d’exploration urbaine, ou Urbex, se transforment en véritables détectives lorsqu’il s’agit de s’adonner à leur activité favorite ! Certains dissèquent les sites des photographes d’urbex, dans l’espoir d’y déceler un indice révélateur, croisent les indices géographiques… D’autres surveillent attentivement la presse locale pour y relever les mentions de fermetures de lieux, ou d’endroits désaffectés, avant de les localiser sur la carte.

C’est ainsi que j’ai fini par découvrir une grande fonderie désaffectée, déjà bien connue dans le milieu, et que j’ai décidé d’y jeter un petit coup d’œil. Une industrie n’est pas un lieu de vie, alors peut-être allais-je y trouver moins d’émotion que lors de la visite de ce château, me disais-je ? L’expérience était sans doute différente, mais tout aussi édifiante : je vous propose donc ce nouveau petit détour en terres d’urbex.

Des portes métalliques rouillées et couvertes de tag marquent l'entrée de l'exploration

Après un bout de train et de marche, l’arrivée sur site a réveillé mon âme de lectrice de récits post apocalyptiques ! Les carcasses de métal du toit désormais à ciel ouvert se mariaient étrangement bien avec la végétation torturée qui semblait lutter pour reprendre ses droits, posée sur un tapis de mousse verdoyant. En m’allongeant sur le sol pour prendre cette image, je me sentais un peu comme une exploratrice d’un autre temps. Tout était si calme.

Des portes rouillées s’ouvraient sur des champs, des champs s’ouvraient sur des cuves rouillées à l’utilité perdue dans le temps… Rien ne semblait à sa place dans cet étrange environnement. La bataille était rude, mais l’issue ne faisait pas vraiment de doute. Que peuvent quelques pièces de métal figées contre cette végétation qui a tout son temps ?

Mur de vieilles briques rouges dont certaines sont tombées et laissent voir la végétation à travers

Sur ce pan de mur, quelques briques semblaient s’être fait la malle, laissant presque théâtralement apparaître le décor derrière elles, à travers un trou bien agencé. Impossible de ne pas y jeter un coup d’œil curieux.

Gros ressort vu de dessous

Accroché aux poutres de métal rouillées, un très gros ressort qui ne daignait pas expliquer sa présence se découpait sur le ciel de coton alors que je levais mon nez vers lui, presque aveuglée. Encore aujourd’hui, il attend certainement toujours le poids qu’il était sensé soutenir.

Capsules de peinture au sol

Soudain, un petit troupeau de couvercles de peinture, couleurs vives dans cet univers terne, ont fait leur apparition ! Ils ne paraissaient pas si anciens. Peut-être les vestiges de peintres venus jeter un peu de couleur sur les murs de béton de l’ancienne fonderie ?

Mur recouvert d'un graphe qui représente un niveau du premier monde de Mario

Dans le mille ! Sur les murs de ce qui était autrefois la partie couverte du bâtiment, des artistes s’en étaient donné à cœur joie pour rhabiller les parois d’une tout autre aura.

Moi et mes petites bottines paraissions bien ténues dans cet univers construit pour le travail et déconstruit par les années. Je me suis arrêtée un moment dans mon exploration. Je voulais trouver un lieu un peu plus à couvert pour grignoter un morceau. Et soudain, entre deux tas de pneus…

Une porte s’est offerte à moi.

Vieille page de roman, usée par le temps

Une porte qui venait vers un bâtiment clos par des murs et un toit : un lieu presque entier, une friandise pour tout amateur d’urbex ! Je me suis avancée prudemment à l’intérieur. L’endroit n’était visiblement pas à l’abri d’un effondrement. Et à l’intérieur m’attendait une jolie surprise. Là, posé dans un rai de lumière sur une table piqueté de rouille, un fragment de roman était déposé bien à plat, comme s’il m’attendait ! J’ai laissé longtemps mon imagination dériver sur la façon dont cet étonnant morceau d’histoire avait bien pu atterrir ici. Et puis je l’ai laissé là avant de repartir. Pour le rêveur d’après.

À bientôt par lettres !
Alice

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