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Baroudeur en Europe : Où planter ma tente en toute légalité ?

Ah le camping ! C’est quand même agréable la liberté de partir sur la route, poser son duvet en pleine nature et profiter d’un cadre magique… Mais attention, car ce n’est pas possible partout ! Alors comment savoir si on a le droit de s’installer pour camper ? Faisons un petit tour d’Europe des réglementations.

Carte synthétisant les différentes réglementations du camping sauvage et du bivouac en Europe
© iconographie Les Lettres d'Alice

Avant toute chose, il faut faire la différence entre le camping sauvage et le bivouac. Le bivouac est surtout utilisé par les voyageurs qui font une étape sur un trajet et se retrouvent trop éloignés d’infrastructures. Il se fait à la belle étoile ou avec un équipement léger, une tente et pas plus ! Et puis surtout, c’est souvent pour une seule nuit avant de repartir. Le camping sauvage, c’est vraiment se poser à un endroit dans le but d’y passer un séjour assez long, avec plus d’équipements, voire un véhicule. La seule différence entre le camping sauvage et le camping classique, c’est qu’on ne paye pas une place à un établissement, on s’installe soi-même dans la nature.

En Europe de l’Ouest : une réglementation plutôt stricte

Commençons par chez nous. En France c’est un décret de 2015 qui a mis à jour le Code de l’urbanisme. Ce qu’il faut retenir, c’est que le bivouac et le camping sauvage sont autorisés mais réglementés. Si l’on se pose sur une propriété privée, il faut l’autorisation du propriétaire et certaines zones sont interdites.

Il est donc défendu de camper ou bivouaquer :

  • Sur les routes et voies publiques
  • Sur les bords de mer, les plages, les côtes
  • Dans les réserves naturelles et les sites protégés
  • Dans les zones ou les sites classés au patrimoine naturel ou historique
  • À moins de 500 mètres d’un monument historique
  • À moins de 200 mètres d’un point de captage d’eau potable

 

Il peut aussi exister des interdictions locales prises par les collectivités territoriales. Il est donc préférable de se renseigner en amont. Bon à savoir : ces interdictions locales ne sont valables que si elles sont affichées en mairie et sur des panneaux ! Concernant les parcs nationaux et régionaux, les réglementations sont très fluctuantes en fonction du lieu. Mieux vaut donc demander directement avant de s’y rendre.

Au Royaume-Uni, bivouac et camping sont interdits à moins de demander une dérogation spéciale. En pratique, ça peut être toléré.

Chez les Écossais, c’est le Scottish Outdoor Access Code (le code d’accès aux activités de plein air) qui autorise camping et bivouac, à condition de respecter l’environnement.

En Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas, il n’est pas autorisé de s’installer en dehors des lieux prévus à cet effet. La Belgique autorise néanmoins le bivouac dans certaines zones encadrées par le Département de la Nature et des Forêts, Service Public de Wallonie.

Interdiction aussi au Luxembourg, où il est seulement possible de trouver un accord avec les propriétaires de terres privées. 

Enfin en Suisse, le camping sauvage et le bivouac ne sont pas formellement interdits en dehors des parcs et réserves naturelles, mais mieux vaut se renseigner sur les lois cantonales et communales pour ne pas avoir de mauvaises surprises.

Feu de camp construit à l'aide de pierres et de petit bois. Une couverture est posée à côté.
Bivouac au bord d'un lac dans le Jura (© photo Les Lettres d'Alice)

En Europe du Nord : une réglementation plus hybride

Au Danemark, plus de 1000 lieux référencés, équipés de toilettes et abris, sont accessibles… mais uniquement sans véhicule. Le bivouac n’est autorisé que dans ces lieux spécialisés. Le camping sauvage est lui interdit en théorie. Dans les faits, il existe de nombreuses zones grises qui n’ont tout simplement pas de législation.

Pour les beaux paysages d’Islande, il est possible d’en profiter partout où il n’y a pas de panneau d’interdiction (et que ce n’est pas chez quelqu’un !). Mais à noter quand même que le climat est trompeur et que les islandais n’aiment vraiment pas devoir venir en aide à des touristes imprudents.

En Estonie, seul le bivouac est permis puisqu’on ne peut pas rester plus de 24 heures au même endroit. Il faut s’installer loin des habitations et des terres cultivées, ne pas faire de feu et ne pas utiliser les cours d’eau (lessive, vaisselle, douche).

En Lettonie et Lituanie, toutes les formes d’installation sont totalement légales, il faut juste l’autorisation du propriétaire si c’est un terrain privé et éviter de faire du feu près des herbes sèches.

En Scandinavie : le droit de profiter de la nature

Les trois pays scandinaves (la Suède, la Finlande et la Norvège) suivent la même loi dite Allemannstretten, soit « le droit de quiconque de profiter de la nature ». Bivouac et camping sauvage sont donc parfaitement acceptés à condition de

  • Ne pas dormir à la belle étoile, il faut avoir au moins une tente
  • Ne pas planter sa tente sur une propriété privée ou un parking public
  • S’installer à minimum 150 mètres des habitations
  • Ne pas passer plus de deux nuits au même endroit
  • Ne pas allumer de feu à proximité des forêts de mi-avril à mi-septembre
  • Laisser l’endroit comme on l’a trouvé et ramasser ses déchets

Les réserves naturelles et les parcs nationaux ont leurs propres règles.

En Europe du Sud : une quasi-interdiction

La réglementation en Espagne dépend des régions. Il est donc difficile de donner des conseils généraux. Beaucoup d’endroits tolèrent le camping sauvage, en dehors des réserves naturelles et des zones urbaines.

Côté Portugal et l’Italie, le camping sauvage est interdit. Le bivouac est toléré en dehors de la pleine saison. En Italie, le bivouac est aussi possible à plus d’une heure de marche d’une route et dans les espaces dédiés.

En Europe centrale : une réglementation sévère

L’Europe centrale est clairement la pire région d’Europe pour le camping sauvage. Il est formellement interdit au Liechtenstein, interdit en dehors des aires prévues à cet effet en Autriche, en Hongrie, en Pologne, en République tchèque et en Slovénie.

La Slovaquie est le seul pays à autoriser bivouac et camping sauvage en dehors des parcs naturels et des forêts.

Bon, en pratique… Il y a quand même moyen de s’arranger ! La Pologne et la Hongrie tolèrent les installations discrètes, la République tchèque possède des refuges tous les 10 kilomètres dans lesquels on peut se loger et se nourrir et il est courant en Slovénie de demander aux locaux d’occuper une partie de leur terrain.

Attention cependant à l’Autriche, qui n’accepte vraiment que le bivouac alpin imprévu et forcé (et il faut le prouver) et punit toute autre tentative de 14.500€ d’amende !

En Europe de l’Est : la réglementation la plus laxiste

Au contraire de l’Europe centrale, aucun souci en Europe de l’Est !

La Russie autorise tout type de campement tant qu’il n’est pas sur un terrain privé ou appartenant à l’église et qu’il n’est pas trop proche d’un réservoir d’eau potable. Les feux peuvent être interdits s’il fait trop chaud.

En Ukraine, pas de restrictions, les parcs nationaux prévoient même des espaces dédiés au bivouac. Même chose en Biélorussie, où le gouvernement considère que les forêts et les champs appartiennent à tout le monde.

Ce qui ne dispense pas de prendre soin de la nature !

Sur un bord de rivière, une tente est installée à côté d'un campement sommaire monté grâce à des morceaux de bois. Une personne est en train de faire un feu de camp avec des galets.
Bivouac sur le bord d'une rivière en Espagne (© photo Les Lettres d'Alice)

Dans les Balkans : une réglementation hétérogène

La région est riche de nombreux pays, et il n’y a pas d’homogénéisation des règles.

Pour l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Roumanie, la Bulgarie et le Kosovo, les terrains publics ne souffrent d’aucune interdiction et il n’y a besoin que de l’accord du propriétaire sur les terrains privés.

L’Albanie précise tout de même qu’il faut être en dehors d’une zone protégée et au moins à 100 mètres des habitations, routes et sources d’eau. Tout comme la Bulgarie, elle encadre aussi les feux. A noter également qu’il peut être dangereux de camper en Roumanie où la criminalité est assez élevée, surtout dans le sud. Quant à la Bosnie-Herzégovine, prudence ! Le pays était en guerre il n’y a pas si longtemps et il reste des mines éparpillées sur le territoire.

Les Balkans comprennent également quelques pays qui ne se sont pas vraiment posé la question. En Moldavie, il est difficile d’accéder à la réglementation et elle est parfois inexistante, mais les locaux semblent dire que la pratique est tolérée. Même chose à Chypre, où seuls les feux sont punis de 600€ d’amende. La Serbie n’a elle pas de loi encadrant le camping sauvage et le bivouac, les rendant de fait possibles en dehors des parcs naturels.

Pour le reste des pays, c’est interdit. En théorie. La Croatie limite le camping aux zones désignées par le gouvernement : en pratique, il est pourtant très répandu sur la côte tant qu’il est assez éloigné de la mer et des habitations. À Malte, le camping sauvage est interdit et déconseillé mais il est possible d’avoir une dérogation. Quant au Monténégro, le bivouac peut être accepté à condition de se trouver à au moins 1,5 kilomètres de l’agglomération ou de l’installation touristique la plus proche et de ne pas faire de feu entre le 1er juin et le 1er octobre.

En revanche, la Macédoine et la Grèce opposent une complète interdiction et la police veille au grain. Dans les Balkans il vaut parfois mieux louer une chambre chez l’habitant, c’est la pratique la plus courante.

Et voilà, on a déjà fait le tour du continent !

Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à se renseigner sur les directives spécifiques locales. Que l’on décide de camper ou de bivouaquer, dans des structures ou en totale nature, des règles de base universelles permettent de respecter l’environnement.

Il est ainsi conseillé de ne pas trop s’étaler et de limiter ses équipements pour ne pas encombrer l’endroit d’installations. Il faut également éviter de laisser traîner quoi que ce soit dehors pendant la nuit ou en son absence et effacer toutes les traces de son passage en partant. Il est aussi préférable d’arriver le plus tard possible et de partir au plus tôt, pour limiter le temps où l’on dérange la nature. 

Avec toutes ces informations, il ne reste plus qu’à planter sa tente !

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