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Oui, bon, d’accord, politiques, les passions ! Ma dernière lettre a emmené mes correspondants faire un petit tour dans les couloirs de l’abbaye de Fontgombault, sur les traces des moines bénédictins qui y vivent encore aujourd’hui. Une aventure dont le silence mêlé de chants grégoriens résonne encore à mes oreilles… Mais au milieu de tout cela, il faut bien avouer qu’on perçoit aussi quelques râleries.

Des voyages sous le sceau du secret

J’ai beaucoup évoqué le vœu d’isolement de ces moines. Selon la règle de Saint Benoît observée par le monastère, les contacts avec l’extérieur doivent en effet être limités au maximum, afin de permettre aux moines de se concentrer pleinement sur la prière et la recherche de Dieu. Le moine hôtelier, ou le moine cellérier chargé de l’approvisionnement sont donc un peu vus comme des “sacrifiés” vis-à-vis de la communauté. Bien sûr, il arrive que des moines soient amenés à voyager, mais dans ce cas, ils sont invités à en raconter le moins possible pour ne pas troubler leurs frères, ou à ne relater que ce qui est digne d’enseignement.

En d’autres termes, le craquant du fromage à raclette sur le gratin de patates n’est pas au menu des conciliabules. En sachant cela, il peut être surprenant de découvrir, dans les journaux locaux, le genre d’images que voici.

En effet, malgré cette toute cette organisation très interne, on ne peut pas dire que les moines restent toujours confinés entre leurs murs, quitte à faire parfois grincer des dents. Au conseil municipal, les robes de bure sont presque de tradition parmi les jeans et chemises cravate. Statistiquement, rien de très étonnant : forcément, dans une commune de quelque 250 habitants, une abbaye qui abrite 60 moines, ça pèse dans la balance électorale ! Même ce chiffre fait parfois prendre une moue sceptique à certains : en 2014, suite à un procès, 10 moines considérés comme n’habitant plus la commune avaient dû être radiés des listes électorales. 

Loi des hommes ou loi divine ?

Toujours est-il que, lorsque je l’ai questionné à ce sujet, le père hôtelier m’a justifié très posément cette présence au conseil : “tous les monastères essaient de le faire, comme on a des biens à défendre, il est plus facile de s’impliquer plutôt que d’avoir la mairie contre soi.” Habitué aux accusations de contrôle du pouvoir, il m’a assuré aux dernières élections, la majorité pour le maire au pouvoir aurait été obtenue même sans la soixantaine de voix apportée par les moines. Rien de moins sûr, pourtant, puisqu’en y regardant de plus près, cette majorité a été obtenue à 119 voix seulements, pour Ce qui n’empêche pas des protestations de s’élever pour émettre des doutes sur la laïcité d’un tel conseil municipal, et sur l’influence monastique quant à la répartition des subventions publiques.

Les moines, architectes de la démocratie ?

Le collectif “Les citoyens de Fontgombault” dénonce proteste ainsi régulièrement contre des subventions accordées aux projets du monastère, tels que la construction du barrage hydroélectrique. En 2013, le petit village s’était notamment fait remarquer par la délibération du maire de l’époque, Jacques Tissier, dans laquelle il refusait, avec plusieurs élus, d’appliquer le mariage pour les couples homosexuels. Ils avaient alors avancé l’argument qu”il existait « une loi naturelle, supérieure aux lois humaines ».

Sur ce, pour nous retourner une fois de plus le cerveau quant à ces questionnements de moines et de démocraties, je vous laisse avec cette petite réflexion de 2012 (juste avant) sur l’influence des moines dans la création de notre démocratie ! Comme quoi…

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