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Juste avant mes pérégrinations à l’abbaye de Fontgombault, le mois dernier, j’avais pris soin de lire en entier la fameuse “règle de Saint-Benoît” : un livre qui liste en pas moins de 73 points les règles de la vie en communauté des moines bénédictins. Je mentirais en disant que tout m’a passionnée dans cette œuvre singulière. Pourtant, j’ai relevé un certain nombre de points étonnants, voire assez amusants ! Bien entendu, cette règle n’est plus appliquée au pied de la lettre : en fait, chaque monastère adapte les règles selon ce qui lui semble le plus juste, sous réserve d’une validation de leurs hautes instances. Mais le texte, lui, est resté inchangé ! Je partage donc aujourd’hui un échantillon de ces savoureuses trouvailles, pour les beaux yeux de mes lecteurs. 
 

1. Battle de moines

La règle de saint Benoît s’ouvre sur un constat simple : il y a les moines qui vivent en abbaye, comme les bénédictins, appelés “cénobites” et puis il y a les autres moines. Qui sont tout de même drôlement moins bien. Vous apprendrez donc que les moines “gyrovagues”, en errance, sont ceux que les cénobites ne peuvent manifestement pas voir en peinture. On nous dit dès le début  que “la conduite de tous ceux-là est des plus misérables et il vaut mieux se taire que d’en parler”. Et bim.

2. Griller la queue pour la messe

L’une des règles stipule que les moines, en se levant le matin, doivent “se devancer les uns les autres” pour aller à la messe, pour montrer toute leur motivation, “mais avec le plus grand sérieux”. On imagine assez bien une tripotée de moines faire la course dans les couloirs du monastère, juste avant la prière.

3. Ça ne rigole pas

Il est expressément stipulé dans les textes qu’un moine ne doit pas “aimer rire beaucoup, ou rire aux éclats”, ni “dire de paroles qui portent à rire”. Dommage, on aurait bien aimé entendre des blagues de moine !

4. Ça ne rigole vraiment pas ! 

L’un des chapitres donne quelques petits conseils au père abbé pour lui permettre de corriger au mieux ses moutons noirs : “frappe de verges ton fils, et tu délivreras son âme de la mort”. On reste songeur.

5. Ça ne rigole vraiment, vraiment pas !! (Surtout quand on est un enfant)

L’un des chapitres que j’ai trouvé les plus édifiants est celui sur la “manière de corriger les jeunes enfants”, dont la lecture se suffit à elle-même : “ Chaque âge et degré d’intelligence doit avoir son traitement approprié. C’est pourquoi, toutes les fois que des enfants, des adolescents, et ceux qui sont incapables de comprendre la peine de l’exclusion, commettent une faute, ils seront astreints à des jeûnes sévères ou fouettés rudement pour qu’ils se corrigent.” Voilà : fallait pas être un sale gamin !

Pour en rajouter une petite couche, si les moines commettent des fautes en prononçant un spsaume, une lecture, un chant, et qu’il ne se répand pas en regrets immédiatement, il subit une “peine”, qui n’est pas précisée. Enfin, sauf bien sûr pour les enfants, qui, je cite “pour de telles fautes, seront fouettés” ! Ben oui enfin, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? 

6. Un peu végétariens

“Quant à la viande, tous s’en abstiendront absolument, sauf les malades très affaiblis”, peut-on lire dans la règle de Saint-Benoît. Voyant que les moines de Fontgombault élevaient avec enthousiasme vaches, poules et divers animaux de ferme, je leur ai demandé le fin mot de l’histoire. À ma grande surprise, on m’a expliqué que “depuis la révolution, les corps se sont affaiblis”, raison pour laquelle les moines se verraient obligés de manger de la viande. On en apprend tous les jours !

7. Le saint litron

L’un des chapitres commence  en expliquant, au sujet de l’alcool, qu’une “demi-bouteille de vin par jour suffit à chacun”. C’est sûr que c’est déjà pas mal… On comprend également à cette lecture que les saintes autorités auraient clairement préféré une abstinence, mais ont fini par se résigner devant un amour inconditionnel pour le petit verre : “Sans doute lisons-nous que le vin n’est nullement fait pour les moines, mais comme de nos jours il est impossible de les en persuader, convenons du moins de n’en pas boire jusqu’à satiété mais modérément.” Comme quoi, il y a des plaisirs tenaces !

Voilà, j’espère que ce petit détour par les méandres des règles monacales vous aura distrait pendant quelques instants de grâce.

À bientôt par courrier, 


Alice

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